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Le jour le plus long de Béthincourt

22/09/2015
Le jour le plus long de Béthincourt

Article paru dans l’Est Républicain du dimanche 9 mars 2014

A BETHINCOURT, l’une des dix-huit collectivités territoriales à avoir reçu la médaille de la Résistance en france, le jour le plus long n’est pas celui du débarquement des alliés en Normandie, mais celui où l’armée allemande a envahi le village. c’était le 21 juillet 1944.

Anne Buard, Yvonne Vuillaume, Suzanne Lamacq et Françoise Merland étaient jeunes mais elles se souviennent de ce jour et de ceux qui ont suivi comme si c’était hier.

Elles racontent avec émotion et sincérité cette période troublée, dans un film réalisé par l’association Expressions à la demande de Marie-Claude Thil, maire de la commune.

Samedi dans la salle communale du village, à l’occasion d’une projection intime, elles ont découvert le film avec passion. Dans celui-ci, en un peu plus d’une heure, elles racontent le peu d’informations qu’elles avaient à l’époque. Elles savaient bien que l’un des pontes de la Résistance en Lorraine, le colonel grandval, avait installé son PC au village début juillet, mais on n’en parlait pas. Elles avaient bien appris que lors d’une battue au sanglier, des résistants avaient pris un camion allemand. Mais elles étaient loin de se douter que quelques jours plus tard, en représailles, trois cents Allemands allaient débarquer au village, rassembler ceux qui y étaient restés et embarquer une douzaine d’hommes et de femmes au siège de la Gestapo, au Coq Hardi à Verdun. Ils se doutaient encore moins qu’ils allaient être interrogés de façon très musclée avant d’être finalement relâchés.

Souvenirs à vif

Avec leurs mots et leur vision de la situation, elles racontent la peur, la méfiance, le silence, l’espoir et enfin la joie de la Libération par les Américains. « C’est comme si c’était hier, explique Mme Vuillaume. C’est bien de dire aujourd’hui ce qui s’est passé, car, en famille, on n’en parle pas. » « On se demandait vraiment comment tout cela allait finir », déclare Mme Buard. « J’avais quinze ans, cela marque à cet âge-là », souligne Mme Lamacq. « Le fait de témoigner a remué beaucoup de choses en nous », assure Mme Merland.

Comme les personnes présentes à la projection, Marie-Claude Thil a été émue par les témoignages. « Cette mémoire appartient aux gens du village », déclare-t-elle. Pour autant le film, l’un des trois projets homologués en Meuse pour commémorer le 70è anniversaire de la Résistance, sera projeté au public, lors de la cérémonie de l’Appel du 18 juin au village. L’occasion de faire partager au plus grand nombre cette page d’histoire.

                                                            Chrystelle MAHIEU